Focus sur l’ARE : Aide au Retour à l’Emploi, l’emploi que l’on crée pour soi-même

L’ARE, cette allocation chômage bien mal nommée, constitue une aide précieuse à la création d’entreprise. Plutôt méconnue, souffrant de la mauvaise réputation de l’organisme qui la délivre – Pôle Emploi – elle est pourtant probablement la plus pertinente.

Qui n’a jamais aperçu le petit prospectus sur le comptoir ou l’affichette placardée sur la porte d’un commerce, dont le message frôlerait l’incroyable, invitant à la “superformance” et qui pourrait ressembler à cela :

Participez au grand concours des startups locales ! Envoyez business plan, budget prospectif sur 5 ans, clôture de 3 exercices comptables minimum et liste d’au moins 7 partenaires …

…et tenter de gagner un accompagnement d’une valeur de 5 000€ !

Alors que c’est précisément dans la réalisation de ces tâches bien compliquées que le créateur d’entreprise a le plus souvent besoin d’aide.

Et s’il existe de nombreux dispositifs d’aide à la création d’entreprise, nombreux sont ceux qui, dans les faits, représentent un coût colossal pour l’entrepreneur. Ce paradoxe est particulièrement vrai pour les organismes ou programmes qui visent à accompagner les entreprises déjà créées, dans leur phase de croissance – aventure pouvant s’avérer sensationnelle mais réservée à ceux qui en ont les moyens, finalement.

Les statistiques indiquent que moins d’un tiers des créateurs d’entreprises sont chômeurs [1], et ce, que la situation ait été provoquée par la personne ou subie suite à une rupture de contrat.

Parmi ces chômeurs entrepreneurs, 85% créent une entreprise en tant qu’activité principale contre 13% seulement chez les salariés. Le témoignage est irréfutable : le profil du créateur d’entreprise à temps complet est chômeur. Indéniablement, l’entrepreneur a besoin de rassembler un maximum de temps et d’énergie pour réussir le lancement de sa société dans toutes ses phases (projet, lancement, croissance, pérennité).

Les soutiens clés de l’entrepreneur percevant l’ARE sont au nombre de trois.

L’aide financière

Sous réserve de remplir des conditions particulières, le chômeur inscrit chez Pôle Emploi bénéficie d’une Aide au retour à l’emploi (ARE), plus communément appelée “les allocs”.

Correspondant à peu près à 65% du salaire net perçu l’année précédente, ce coup de pouce financier conséquent permet d’atténuer la perte de salaire. Car, on le sait, le créateur d’entreprise ne se rémunère pas les premiers mois, voire les premières années de son activité. Ces ARE lui permettent donc de lancer la société, engendrer du chiffre d’affaires et constituer des réserves pour espérer ensuite se verser… L’indispensable salaire.

Le temps

Deuxième avantage considérable du statut de chômeur : il offre du temps à la personne. Le temps de réfléchir, parler, écrire et prospecter. Or, c’est souvent en raison de son manque de temps que le salarié ne se lance pas, outre les raisons financières.

 

Si l’on peut aisément critiquer l’institution qui gère le chômage en France, il n’en demeure pas moins que, lorsque qu’un individu déclare créer une société, il n’a plus l’obligation de justifier une recherche d’emploi et se voit offrir tout un panel de formations gratuites et d’accompagnement.

Le statut psychologique

Malheureusement, certains commencent par subir leur situation de demandeur – ou ne devrions-nous pas plutôt parler de chercheur d’emploi ? ­– et transforment cette difficulté en une belle décision : saisir l’opportunité de créer une boîte après plusieurs mois de réflexion. D’autres cessent volontairement leur activité salariée et provoquent le chômage pour se lancer dans un projet qu’ils auront longuement rêvé et muri !

Cependant, le statut de chômeur ne disposant pas d’une très bonne réputation dans la société, le sentiment de culpabilité freinera de nombreux porteurs de projets dans leur accès à cette offre.

Les aides au retour à l’emploi (ARE) ne s’appellent (volontairement) pas les allocations chômage. Les ARE constituent en effet une aide conséquente pour le créateur d’entreprise. La preuve : il déclare son changement de situation et n’apparaît plus parmi la liste les demandeurs d’emploi. Toutefois, il continue de percevoir ses indemnités ! Ainsi, les fameuses “allocs” deviennent une véritable aide, non plus pour retrouver un travail, mais pour le créer par soi-même.

Cette possibilité d’être officiellement reconnu comme un créateur d’entreprise tout en étant couvert retire un peu du sentiment de culpabilité pour le bénéficiaire. Il peut alors fièrement annoncer son statut de créateur d’entreprise, tout en étant soutenu par la société.

 

[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3572474,